Name: CINÉMA RETROUVÉ - Projection de STROMBOLI
Start: 2025-12-11T20:15:00+01:00
Location: Cinéma Utopia 5 Place Camille Jullian, 33000 Bordeaux, France

$CIN\u00c9MA RETROUV\u00c9 - Projection de STROMBOLI$

Réalisé par Roberto Rossellini
Italie, 1950, 1h43, N&B, VOSTF
Avec Ingrid Bergman, Mario Vitale et Renzo Cesana
Version restaurée
Sorti en 1950, STROMBOLI de Roberto Rossellini constitue une œuvre charnière, à la fois dans la carrière du cinéaste et dans l’évolution du néo-réalisme italien. Tourné sur la célèbre île volcanique au nord de la Sicile, Ingrid Bergman y incarne une jeune réfugiée lituanienne. Épousant un pêcheur italien, seule possibilité de sortie du camp de prisonniers où elle est internée, elle découvre la misère, l’isolement et l’hostilité d’un milieu insulaire qui la rejette.
Bien qu’il s’inscrive dans la continuité du néo-réalisme, STROMBOLI fait un pas de côté. Rossellini conserve le tournage en extérieurs, les acteurs non professionnels et l’observation minutieuse des conditions de vie d’un milieu populaire. Mais, au-delà du témoignage social, le film explore un questionnement plus intérieur et spirituel. La confrontation d’Ingrid Bergman avec la nature sauvage et le volcan devient le symbole d’une épreuve morale, d’une quête de salut. Le cinéaste déplace ainsi son habituelle attention du collectif vers une expérience individuelle du réel.
Le film marque également le début d’une collaboration et d’un couple mythique de l’histoire du cinéma, se poursuivant notamment avec EUROPE 51 ou VOYAGE EN ITALIE. Autres explorations des tourments spirituels de femmes confrontées à l’absurdité du monde moderne.
La collaboration entre Rossellini et Ingrid Bergman naît d’une initiative de l’actrice elle-même. Touchée par ROME VILLE OUVERTE, elle écrit au cinéaste pour lui proposer de travailler avec lui. Leur rencontre marque un double tournant : artistique et personnel. Leur liaison, survenue alors qu’ils étaient mariés chacun de leur côté, provoqua un scandale retentissant, notamment aux États-Unis où Bergman fut temporairement bannie de Hollywood.
En rupture avec le glamour hollywoodien, sa performance dépouillée et la fragilité de son personnage traduisent son isolement personnel.
Car le tournage sur l’île de Stromboli fut particulièrement difficile. Rossellini fit appel aux habitants de l’île comme figurants, confrontant ainsi Bergman à des partenaires non-professionnels et à un environnement souvent hostile. Outre la précarité insulaire et la chaleur, les tensions culturelles et religieuses se font sentir, une éruption du volcan venant même perturber le tournage.
Rossellini intègre ces contraintes dans sa mise en scène, donnant au film un aspect quasi-documentaire. La nature y devient une présence active, voire menaçante, qui domine les personnages et les force à se confronter à eux-mêmes.
Loin d’être un simple récit réaliste, le film se présente comme une méditation sur l’exil, la foi et la solitude humaine face à la nature. Une nature indifférente et sublime, qui semble à la fois punir et sauver.