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Jeudi 9 Janvier à 20h15Dans le cadre du cycle RARETÉS JAPONAISES
Rendez-vous autour du cinéma japonais, ses films méconnus, ses cinéastes, son histoire, ses esthétiques. Proposé et présenté par Clément Beuchillot, Docteur en études cinématographiques, spécialiste du cinéma japonais.
Projection unique de FLEUR PÂLE (KAWAITA HANA)
Réalisé par Masahiro SHINODA - Japon 1964 1h36mn VOSTF - avec Ryō Ikebe, Mariko Kaga, Takashi Fujiki, Naoki Sugiura... Scénario de Masaru Baba et Masahiro Shinoda d’après un roman de Shintarō Ishihara.
On appelle Nouvelle Vague Japonaise le groupe de cinéaste rassemblé par la société de production Schōchiku à la fin des années 1950 pour répondre aux demandes d’un public en pleine métamorphose, avide de représentations de la jeunesse, de violence et de sexe sur les grands écrans. Mais rien à voir ici avec nos Truffaut, Godard et Rivette nationaux, les cinéastes en question travaillent en studio, dans un système bientôt révolu s’accrochant à son rythme de productivité d’antan. De ce contexte est né un mouvement cinématographique majeur, achevé en 1965, auquel appartient un grand nombre de classiques se bousculant pour être redécouverts.
Fleur pâle¸ film injustement jamais sorti en France, appartient aux œuvres crépusculaires du mouvement, celles mêmes qui en annonçaient la mort. On y suit le parcours d’un yakuza sortant de prison, Muraki (interprété par l’élégant Ryō Ikebe), et d’une énigmatique jeune beauté, Saeko (sublime Mariko Kaga, récurrente du cinéma de Shinoda), à travers les tripots clandestins des nuits de Tokyo. De cercle de jeu en cercle de jeu, face aux retenues sentimentales et aux menaces de l’autorité policière, le duo anime un récit crépusculaire, peuplé d’individus confrontés aux bouleversements des années 1960.
Comme ses – plus célèbres – collègues Nagisa Oshima (Contes cruels de la jeunesse) et Kijū Yoshida (La Source thermale d’Akitsu), Masahiro Shinoda s’est affairé dès le début de sa carrière à remettre en cause depuis les studios les canons cinématographiques de la transparence et du romanesque. Homme de lettres – comme les précédents – diplômé en histoire du théâtre, il cherche par la mise en scène à extraire du réel des formes et des histoires pour atteindre d’autres thèmes. Par exemple, dans Fleur pâle, il substitue aux sons du battement des cartes celui d’un numéro de claquettes, donnant l’impression d’assister à de rigoureux rituels dignes de ceux des samouraïs des siècles passés.
Chez Shinoda et les autres cinéastes liés de près ou de loin à la Nouvelle Vague Japonaise, on retrouve une volonté plus ou moins consciente de penser l’identité moderne nippone par le biais de nouvelles formes artistiques. Comme en littérature chez Abe Kobo et surtout Kenzaburo Ōe, il s’agit de questionner la japonité depuis ses marges, ses personnages hors norme, en les confrontant à l’américanisation des mœurs et à l’entrée de l’archipel dans le libéralisme économique. À force d’expérimentations héritées d’une riche culture artistique, le cinéaste insuffle à ses gangsters une dimension cérémonielle nouvelle, dont l’influence formelle se ressentira dans les yakuza eiga des décennies suivantes.
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Event Venue & Nearby Stays
Cinéma UTOPIA Bordeaux, 5 place Camille Jullian,Bordeaux, France